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                                                                                                                                                        Crédit logo : Florent G

 

 

 

Copyright WCF – Richard Gray

 

C’est à partir d’un certain nombre d’éléments tangibles qu’une majorité (14/25) de présidents de clubs de curling Français demandaient au printemps 2018 aux dirigeants de la Fédération Française des Sports de Glace d’inscrire à l’ordre du jour de ses assemblées générales plénière et de curling du mois de juin 2018 la question de l’autonomie du curling, ce qui ne fut pas fait.

Mais quels éléments au juste ?

Tout d’abord la demande expresse faite par la Présidente de la Fédération Mondiale de Curling au Président de la Fédération Française des Sports de Glace d’autoriser le curling Français à prendre son indépendance.

Puis, dans la foulée, le vote du Conseil Fédéral, sur proposition du Président de la F.F.S.G. en date du 19.09.2015 au chapitre politique sportive :

« Didier Gailhaguet : nous sommes restés tous ensemble et nous avons une grande histoire, mais c’est peut-être le moment de scinder certaines disciplines de la FFSG, si les clubs de la ou des disciplines concernées le souhaitent. La FFSG est prête à accompagner cette mise en place »
Cette proposition a été votée à l’unanimité des 23 membres présents lors de cette réunion du Conseil Fédéral en date du 19.09.2015, PV n°6, et validée par l’approbation du relevé de décision du Conseil Fédéral du 19.09.2015, PV n°6, lors de la réunion du Conseil Fédéral du 09.01.2016 PV N° 7.

Le fait que depuis 2010 les curleurs en fauteuil ne puissent participer à un championnat national, ni a fortiori à une compétition mondiale ou paralympique. Le 26 novembre 2010 la F.F.S.G. signait une convention avec la Fédération Française Handisport (F.F.H.). Après avoir interdit à l’équipe de France de participer au championnat du monde B, alors qu’elle était programmée et présente en Finlande, il fut régulièrement question que ce problème soit réglé. Mais personne ne semble s’en préoccuper. La Fédération Française de Curling, si elle voit le jour, devra résoudre rapidement cette question afin que l’expression « sport pour tous » ne soit pas vaine et que les curleurs en fauteuil rejoignent nos clubs avec à l’horizon la possibilité de participer aux compétitions internationales.

Enfin l’étude menée par Amos Lab, à la demande de Noël Morard, avant qu’il ne soit nommé par Didier Gailhaguet Président de la CSN Curling, et dont nous ne publions ci-après que la conclusion, le texte complet étant consultable sur le site France Curling

5 AVANTAGES ET INCONVENIENTS D’UNE FEDERAT ION FRANÇAISE DE CURLING
5.1 VERS UNE AUTONOMIE FEDERALE

Dans le but de mieux comprendre les intérêts et / ou les inconvénients pour le curling à se séparer de la FFSG, nous avons mis en parallèle ce cas avec deux autres disciplines : la force athlétique et le hockey sur glace qui l’une comme l’autre n’étaient plus satisfaites des projets de développement offerts par leurs fédérations de tutelle (Fédération Française d’Haltérophilie et de Musculation (FFHM) et FFSG). Le cas de la force athlétique est particulier, car leur séparation de la FFHM dont la discipline faisait partie depuis 1986 leur a été imposée par la Fédération Internationale d’Haltérophilie (IWF). Cela dit en 2015, la Force ne pensait plus pouvoir continuer à évoluer positivement au sein de cette fédération de tutelle alors qu’elle fournissait près d’1/3 des licenciés. C’est donc dans ce contexte que l’IWF a obligé toutes ses fédérations à se séparer des disciplines concurrentes. Stéphane Hatot, alors vice-président de la FFH a décidé de prendre en charge la séparation de la Force, en créant la nouvelle fédération en janvier 2015. En juin 2015 l’assemblée générale extraordinaire de la FFH se réunit afin de voter la dissolution des commissions, la délégation et l’agrément seront obtenus entre juillet et décembre 2015 40. Cette séparation aura donc été très rapide 41.
Le hockey sur glace est quant à lui la dernière discipline à s’être séparée de la FFSG en 2006. Entre 2002 et 2006, le climat fédéral est conflictuel suite à des problèmes juridiques et économiques impliquant notamment Didier Gailhaguet – alors président de la FFSG – et son entourage proche. Après une tentative de restructuration qui n’a pas aboutie, le hockey sur glace (fournissant alors près de 15 000 licenciés) ne considérait plus être à même de faire rayonner sa discipline au sein de cette fédération et Luc Tardif (futur président de la Fédération Française de Hockey sur Glace (FFHG) envisage la possibilité de se séparer de la FFSG. En 2003, Luc Tardif dépose alors les statuts de l’Association pour l’Avenir du Hockey Français (AAHF) alors que la Fédération Internationale de Hockey sur Glace fait pression sur la France pour que le hockey devienne autonome. Deux ans après, en avril 2006, le hockey sur glace se rassemble en Assemblée Générale Constituante, et Luc Tardif est élu à la présidence de la nouvelle FFHG 42.
Ces deux exemples nous démontrent donc deux choses : dans les deux cas, les disciplines ont établi que la séparation de leur fédération de tutelle était la solution la plus bénéfique à la prospérité de leur sport après avoir tenté de restructurer l’organisation fédérale vers un partage plus équitable des moyens, et les fédérations internationales ont obligé ou facilité cette séparation. Ces deux exemples ne sont pas pour autant identiques : celui de la force athlétique qui garde son orientation « compétition » a bien vu que son potentiel de progression passait aussi par une ouverture sur les pratiquants non licenciés en lien avec la demande sociale de forme, de bien être etc…. ce qui n’est pas dans la visée du hockey sur glace dont la finalité compétitive et professionnelle est prioritaire. L’exemple de la force athlétique semble plus inspirant que le second car le curling doit travailler le courant ludique et facile d’accès de son sport. Dans ce cadre les finalités sociétales et le financement non seulement de l’investissement mais surtout du fonctionnement d’une halle de glace (curling) sont étroitement imbriqués : en effet plus l’équipement sera ouvert à des activités commerciales dont la restauration etc… plus la découverte du curling en sera accrue. Il est compréhensible que les clubs de curling soient focalisés sur la médiatisation mais celle-ci évolue aussi en fonction de l’impact de la pratique de loisirs et pas exclusivement des performances du haut niveau. Pour conclure, à travers les entretiens avec les différents clubs, nous avons donc pu observer un décalage de point de vue important entre ces derniers et la FFSG qui aujourd’hui ne semble plus être en mesure d’assurer (au niveau de la CSNC notamment) son rôle de leader et de fédérateur des clubs. Une émancipation permettrait donc au curling de proposer et d’assumer sa propre politique de développement en fonction des intérêts directs de la discipline et dans l’intérêt des pratiquants. Comme nous l’avons souligné dans les parties précédentes, la nouvelle stratégie du curling français devra être beaucoup plus large et sortir du seul schéma compétitif comme public dont les financements sont et seront de plus en plus à la baisse.

40 Entretien avec Stéphane HATOT, président de la Fédération Française de Force – 26/06/2017
41 Attention toutefois, cette procédure peut-être bien plus longue, en sachant que les délégations sont revues au 31 décembre des années olympiques, donc soit en 2018 soit en 2022 pour le curling dans un futur proche.
42 Nicolas Delorme. Stratégie fédérale et développement d’un sport spectacle: l’exemple du hockey sur glace en France : socio-histoire d’un échec? Médecine humaine et pathologie. Université de Grenoble, 2011. Français.

5.2 LE FREIN DES MOYENS FINANCIERS ET HUMAIN S OU L’ OUVERTURE SUR UN AUTRE MODELE ?
Les doutes qu’ont émis les clubs à propos de la séparation entre le curling et la FFSG portaient sur deux points précis : la peur de voir ses moyens financiers diminuer et la crainte de ne pas réussir à constituer une équipe assez unie et motivée pour porter le projet. En effet le manque de cohésion entre les clubs sera le frein principal à la réussite de la création d’une nouvelle Fédération Française de Curling. Comme le répète Stéphane Hatot, « face à la peur du changement seule une équipe avec un leader pourra démontrer les avantages de quitter la FFSG. Unité et cohésion devront donc être les maitres mots de cette restructuration ». De plus, une division pourrait entrainer d’autres conséquences néfastes : difficile pour la future Fédération Française de Curling d’être prise au sérieux comme telle si certains clubs restent affiliés à la FFSG, notamment par le Ministère des Sports qui aura plus de difficultés à la reconnaitre et à lui décerner l’agrément et la reconnaissance d’utilité publique. Par rapport à cette crainte justement, l’éventualité de bénéficier d’un appui de la WCF pourrait changer l’opinion du gouvernement français comme nous l’avons vu dans les exemples de cas de la Force Athlétique et du Hockey sur Glace. Il sera donc important de s’informer quant aux projets de la WCF concernant le devenir des pays dans lesquels le curling est membre d’une fédération nationale regroupant d’autres disciplines 43.
Toujours selon l’expérience personnelle de Stéphane Hatot, créer une fédération de toute pièce est un projet passionnant mais long et fastidieux, et pour lequel il faut être prêt à faire des sacrifices (au niveau familial par exemple). Il note aussi l’avantage d’habiter Paris afin de « montrer » l’existence de la nouvelle fédération et ainsi de pouvoir rapidement être soutenu et aidé par ses pairs.
Pour terminer, les doutes se rapportant à l’équilibre financier de la nouvelle fédération sont légitimes mais pas forcément justifiés. En effet, sortir de la FFSG impliquera une totale autonomie financière. Pour démarrer une fédération, des frais fixes sont à prévoir, couvrant principalement le siège social et les frais de fonctionnement (mais qui sont relativement moindres pour 400 licenciés). Ainsi les licences 44 représenteront dans un premier temps la base du budget fédéral. Il faudra ensuite être prudent par rapport à l’aide financière ministérielle, et dans un premier temps plutôt envisager d’autres solutions (prêts bancaires, dons, partenariats privés…).
Pour conclure il est donc certain que ces freins sont bien réels mais restent relatifs, et découlent principalement d’une méconnaissance des procédures et des aides dont pourra bénéficier la potentielle future Fédération Française de Curling. A nouveau, ces freins pourront être surmontés sous couvert d’une unité et d’une implication sans failles et durable des clubs envers ce projet.

43 A ce jour sur 54 pays membres de la Fédération Internationale de Curling, seuls 7 regroupent le curling avec d’autres sports d’hivers dans une seule et même fédération: Grèce, France, Islande, Italie, Mexique, Espagne, Brésil.
44 A ce jour, une licence Compétition coute 63€.

CONCLUSION
Cet état des lieux du curling en France aura permis de donner la parole aux clubs français, et de mettre en avant leurs points de vue partagés sur la situation actuelle de cette discipline. Le fait que leurs avis soient mitigés, et surtout le fait que tous n’aient pas répondu à cette sollicitation démontre bien un manque de cohésion certain. Comme beaucoup l’ont souligné, la mise en place d’une nouvelle stratégie de développement est nécessaire, mais les actions qui en découlent devront être communes à l’ensemble des clubs et des représentants de ce sport sur le territoire français. Sachant que tous les clubs n’ont ni les mêmes moyens ni les mêmes problématiques, les acteurs de cette restructuration devront prendre en compte tous ces paramètres.
Malgré les possibles discordes, une volonté commune de voir ce sport évoluer est ressortie plus forte que tout. Pour compléter le travail et les questionnements amorcés dans cet état des lieux, il faudrait organiser des rencontres avec les clubs de curling sur le modèle des États Généraux du Patinage Artistique français qui se sont tenus à Paris les 07 et 08 octobre 2017.