AlternaWeb, votre site associatif en 1 clic
Site créé gratuitement avec AlternaWeb  -  Retirez les publicités avec un abonnement.
Larmes Blanches

Larmes Blanches

Il pleurait. L’enfant sortait, escorté par d’autres gendarmes. Lui ne bougeait pas. Et pourtant, il devait sentir ses chaînes.

Dix-huit jours qu’on les attendait. Ce 2 octobre à 9h, les forces de l’ordre ont évacué la Maison et ses 20 occupants, tous mineurs sans-papiers en provenance d’Afrique subsaharienne. Le 18 rue du Jardin des Plantes, squatté depuis le mois de juin par un collectif bénévole, appartenait au ministère de la Justice et n’avait plus été occupé depuis dix ans.

Il a été réconfortant de voir que face au déficit du service public, des citoyens sortent de l’ombre pour accomplir le devoir d’humanité. Quand les lois sont injustes, l’auto-organisation devient nécessaire, et la désobéissance, un devoir civique.

Aujourd’hui nos dirigeants ont encore abîmé le lien entre les gardiens de la paix et les Français, en exigeant aux premiers la plus basse des besognes, sous les yeux des seconds. Sept cars remplis d’hommes, une centaine de gendarmes pour expulser treize gamins, peut-on appeler ça du maintien de l’ordre? Ce n’est pas à une simple procédure judiciaire que nous avons assisté ce matin, mais à un acte politique.

C’est donc un double mépris qui a été exprimé par les donneurs d’ordre. Envers les militants d’un altruisme devenu illégal, d’abord. Mais aussi envers le gendarme, victime collatérale d’une instrumentalisation obscène.

Quel homme a été formé pour mettre des enfants à la rue? Sous le képi, qui est cousu, il y a un citoyen avec qui il est dur d’en découdre. Et ses larmes, symptôme de la prostitution des valeurs de la République, appellent à ne plus jamais se tromper de cible.

Car des deux côtés de la barricade, tout le monde était tombé d’accord.

 

Léonard Lebrun