J'envisage de poursuivre ma grossesse et d'élever l'enfant né
Quelles que soient les circonstances de votre grossesse, vous avez la possibilité de garder l'enfant né et de l'élever. Vous seule pouvez décider si c'est la meilleure solution dans votre situation personnelle. A l'inverse, personne n'a le droit de vous imposer ce choix contre votre volonté.
Une décision qui vous engage à vie
Elever le bébé auquel vous avez donné naissance est le seul choix où la société peut vous demander des garanties. Elle va s'interroger sur votre capacité à assumer votre décision. Pour cela elle peut s'appuyer sur les professionnels de santé, de la petite enfance, voire parfois sur la justice.
Mais rassurez-vous, vous n'êtes pas seule pour penser à tout ça. Nous allons ici vous donner quelques éléments pour vous permettre de réfléchir calmement. Et la règle d'or s'applique encore et toujours : vous êtes celle qui connaît le mieux votre situation, faites-vous confiance !
Des comptes à rendre à l'enfant
L’avenir et la santé d’un bébé sont liés à votre capacité à lui donner des soins adaptés. Un nourrisson est complètement dépendant des adultes pour satisfaire tous ses besoins. Vous devrez donc lui fournir
- un environnement sécurisant et sain
- une stabilité affective
- une stabilité matérielle minimale
En échange de cette énorme responsabilité qui est la vôtre, la PMI (Protection Maternelle et Infantile), voire l'ASE (Aide Sociale à l'Enfance) ont pour mission de vous aider si besoin à trouver les moyens de l'assurer. Pour cela, ils mettent à votre disposition des équipes pluridisciplinaires (médecins, éducateurs, puériculteurs, psychologues, assistants sociaux...)
Comme leurs noms l'indiquent, la PMI se concentre sur la relation entre vous et l'enfant et vise à vous aider tous deux, quand l'ASE se concentre plus sur l'enfant quand il semble en danger.
Selon votre situation, il vous faudra développer plus ou moins de ressources pour accueillir un nourrisson. Un bébé est certes tout petit, mais il prendra énormément de votre énergie. Bien entendu, au fil du temps l’enfant développera une certaine autonomie, mais vous resterez responsable de lui. Il ne faut pas oublier qu’un enfant, ou même plus tard un adolescent, n’est jamais un adulte miniature. Ce sera à vous de vous adapter autant que possible à ses besoins. Même lorsqu'il sera adulte, vous garderez des responsabilités parentales. Que voulez-vous, un être humain ne cesse jamais vraiment de se construire !
Les questions qu’il faut vous poser au niveau matériel
Pour accueillir un bébé sereinement, il vaut mieux réunir quelques conditions de base sans lesquelles vous et l'enfant serez extrêmment fragilisés, voire en danger. Mais rassurez-vous, des aides et des soutiens existent pour créer un environnement adéquat !
Un logement adapté
Vous devez avoir ou trouver en priorité une possibilité de logement sain et stable. Idéalement celui-ci doit être assez spacieux et aménagé pour pouvoir prendre soin facilement du bébé tout en préservant votre intimité. Mais on peut très bien se débrouiller avec une petite surface.
Ce qui n'est pas négociable, c'est la salubrité et une hygiène minimale. Un bébé construit ses défenses immunitaires, sa santé est donc plus fragile que celle d'un adulte. Pas du tout accessoirement, l'insalubrité et une hygiène insuffisantes vous mettraient vous-même en danger.
Si vous êtes seule et cherchez un hébergement d'urgence, chaque département est tenu de gérer des structures d'accueil mères-enfants pour femmes enceintes et jeunes mères précarisées (source ICI). En plus de l'hébergement en foyers ou appartements, vous pourrez y obtenir une aide pour trouver un emploi. Au maximum, cet accueil sera de 3 ans, par tranches de 6 mois renouvelables. Des centres maternels privés existent également.
Vous pouvez également, pour une solution plus pérenne, demander un logement HLM, que vous soyez parent isolé ou non. Cela aurait l'autre avantage important de permettre un emménagement avec votre partenaire de vie, s'il existe.
Malheureusement, les délais d'instruction sont parfois très longs. Attention, être enceinte n'est pas un critère officiel de priorité pour un dossier HLM (source ICI) Néanmoins, l'appui d'une bonne assistante sociale peut faire avancer les choses.
Du matériel de puériculture/des vêtements et consommables pour bébé
Vous devrez aussi avoir un peu de matériel de puériculture et un mobilier adapté au mieux à la situation. Il vous faudra aussi certains consommables comme
- des couches (lavables ou jetables, franchement faites comme vous en avez la possibilité)
- du lait maternisé si vous ne pouvez ou ne souhaitez pas allaiter
- De l'eau adaptée aux nourrissons
Concernant le matériel de puériculture, vous n'avez absolument pas besoin des derniers gadgets à la mode. La récup fait très bien l'affaire et on peut très bien s'en sortir avec peu de choses. Ce que vous devez garder en tête c'est la facilité d'utilisation pour vous et la sécurité du bébé.
Des associations peuvent vous aider si vous ne disposez pas du nécessaire et n'avez pas les moyens de vous le procurer, ainsi parfois que certaines maternités... Certains sites comme donnons.org proposent également une rubrique puériculture.
Evoquer votre situation auprès de la PMI peut permettre de débloquer des solutions d'appoint. Mais si vous avez peur de mettre le doigt dans l'engrenage des institutions, il reste la possibilité de parcourir les forums et applications dédiés aux femmes enceintes et aux jeunes parents, qui peuvent déployer de véritables chaînes de solidarité.
Enfin, n'hésitez pas à solliciter des proches, voire des connaissances fiables. Il n'y a rien de honteux dans cette demande. Au contraire, elle prouve que vous avez à coeur de bien vous occuper de votre enfant !
Un revenu minimal
L'argent, ça reste encore et toujours le nerf de la guerre ! Il vous faudra un revenu au minimum suffisant pour pouvoir assurer vos besoins et ceux du bébé. On ne dirait pas forcément à première vue, mais il y a beaucoup à dépenser pour un si petit être, même en restreignant au maximum. Et plus on veut de simplicité et de confort, plus la facture augmente. Or quand on est jeunes parents, la facilité et le confort comptent pas mal !
Vous pouvez réclamer certaines aides de l’État, selon votre situation personnelle. Déjà,vous pourrez percevoir la PAJE (prestation d'Accueil du Jeune Enfant) dès le mois suivant la naissance jusqu'aux trois ans de l'enfant (Source ICI). Cette allocation est cumulable selon conditions avec d'autres. Si vos ressources sont vraiment faibles, vous pouvez faire une demande de RSA (revenu de solidarité active) auprès de la CAF voire une demande d'allocation mensuelle auprès de l'ASE de votre département.
Un accès facile aux soins
Un bébé est assez fragile face à la maladie et forge ses défenses au fil du temps. En cas de fièvre ou de symptômes un peu alarmants, pouvoir solliciter rapidement l’avis d’un professionnel de santé est primordial.
Un suivi de la courbe de poids et d’autres paramètres de croissance du bébé peut être indispensable. Certaines vaccinations sont également obligatoires (source ICI). Même si cela vous déplaît ou que vous vous posez des questions, ne vous mettez pas hors-la-loi.
La PMI sera un bon interlocuteur concernant votre santé et celle de l’enfant. Des consultations médicales gratuites y sont proposées. Vous pouvez également y recevoir des conseils de puériculture et d'hygiène pour vous aider si vous vous sentez perdue.
Votre médecin traitant est évidemment l'autre recours de base, puisqu'il a votre dossier médical et peut faire lien avec plusieurs spécialistes si nécessaire.
Une sage-femme pourra vous aider, tant pour gérer l'après accouchement que pour vous donner des conseils sur l'allaitement si vous avez choisi de donner le sein, ou sur les soins au bébé.
Dans les cas d'urgence, vous pouvez appeler le SAMU au 15, qui pourra vous conseiller ou vous envoyer aux urgences pédiatriques les plus proches si nécessaire. En cas de besoin, ils vous transporteront avec l'enfant.
Le moment venu
L'accouchement est la dernière étape de votre grossesse. Vous avez peut-être des questions sur ce passage obligé parfois décrit de manière effrayante. Sachez qu'il existe différentes modalités d'accouchement. Si le sujet vous intéresse, nous aurons bientôt une page dédiée. Mais sachez en tout cas que vous pouvez discuter de vos souhaits avec les soignants qui suivent votre grossesse.
Au niveau administratif, vous devrez déclarer l'enfant dans les cinq jours après sa naissance (source ICI)
Si le second géniteur souhaite devenir père également et que vous n'êtes pas mariés ensemble, il peut reconnaître l'enfant
- pendant votre grossesse, c'est la reconnaissance anticipée
- Lors de la déclaration de naissance du bébé (source ICI)
Si vous êtes mariés, la loi présume automatiquement qu'il est le père de l'enfant.
Baby blues et craquages, comment vous protéger, vous et l'enfant ?
Nous l'avons dit, un bébé c'st épuisant. Il crie, il pleure, il demande de l'attention... bref, que vous soyez parent seule ou en couple, il pourra vous arriver de craquer. Et c'est normal ! Vous restez un être humain. En plus, vous serez probablement épuisée par la grossesse et l'accouchement. Ou d'autres éléments de votre environnement. Vous n'avez pas à culpabiliser.
Par contre, vous devrez trouver de l'aide pour ces moments de grande vulnérabilité. Déjà pour vous, parce que votre santé physique et psychique est importante. Mais aussi pour l'enfant, qui ne pourra pas s'occuper de lui tout seul.
Si vous vous sentez débordée, pas d'inquiétude, on vous propose quelques pistes !
Aides d'urgence
Parons au plus pressé : si vous redoutez de craquer un jour et de faire du mal au bébé, sachez qu'il y a toujours moyen d'appeler à l'aide.
Attention, secouer un bébé risque de lui infliger des dommages irréversibles au cerveau. C'est donc le principal danger à éviter en cas de débordement émotionnel.
Si vous sentez que vous êtes sur le point d'avoir des gestes brusques envers l'enfant, mettez-le en sécurité et éloignez-vous si nécessaire le temps de vous apaiser. Ne culpabilisez pas de ne pas répondre à ses besoins, vous faites au mieux pour le protéger dans un moment difficile.
Tant que vous êtes à la maternité, vous pouvez appeler les soignants qui prendront votre relais auprès de l'enfant le temps que vous puissiez vous apaiser. C'est aussi leur travail, ne craignez pas de les déranger.
Une fois sortie de l'hôpital, sachez qu'il existe des structures d'accueil parents-enfants, où vous pouvez être avec le bébé et entouré d'autres parents, mais aussi souvent de professionnels de la petite enfance. Ces structures peuvent être gérées par la PMI ou par des associations privées.
En cas d'urgence vous pouvez joindre la PMI de votre secteur. Ils peuvent vous aider à passer ce moment de crise.
S'ils ne sont pas disponibles, vous pouvez vous retourner vers la ligne d'écoute Allô parents bébé, qui répond aux situations d'urgence pour aider les parents désemparés.
Et en tout dernier recours, vous pouvez appeler le SAMU au 15. Parce que oui, c'est une urgence.
Le baby blues
Le baby blues est un phénomène qui touche a priori plus de la moitié des femmes qui accouchent. Il s'agit d'un pic de débordement émotionnel qui peut survenir en général peu après l'accouchement.
Le baby blues peut avoir plusieurs causes : des hormones farceuses, l'épuisement, des modifications physiques dures à encaisser, le poids des nouvelles responsabilités... dans tous les cas, si ce moment difficile vous arrive, vous n'êtes pas fautive.
Cette période passera mieux et plus rapidement si vous êtes correctement soutenue.
Si vous avez un compagnon ou une compagne, c'est probablement un bon moment pour lui demander de l'aide. Surtout que s'il ou elle veut devenir parent avec vous, l'entraide et les soins partagés au bébé, c'est une base assez saine !
Vous pouvez aussi discuter avec les soignants en maternité, voire à domicile si vous gardez un suivi après votre sortie. Pensez que dans toutes les maternités, il y a des psyvhologues ! Sur place, si vous vous sentez en détresse, vous pouvez demander à ce que des puericulteurs ou des sage-femmes prennent en charge le bébé un moment pour vous laisser vous reposer.
Chez vous, la PMI de secteur peut également venir en renfort et vous proposer par exemple l'intervention d'un TISF (travailleur social et familial). Cette personne pourra vous aider avec le bébé et dans votre maison.
Le baby blues n'est pas censé durer. S'il tend à s'aggraver avec le temps ou qu'il persiste, c'est peut-être ce qu'on appelle une dépression post partum. Il s'agit alors d'une maladie. Ce n'est toujours pas votre faute et des solutions existent. Vous allez peut-être avoir besoin de soins et d'un traitement médicamenteux. Mais là encore, plus vous serez soutenue, plus vite vous en sortirez !
Des complications possibles lors de vos démarches
Dans l'esprit de la plupart des gens, accoucher et élever l'enfant est tout simplement "l'issue normale" d'une grossesse. On vous mettra donc moins souvent des bâtons dans les roues que pour une IVG ou pour confier le bébé à l'adoption.
Pourtant, selon votre situation, il est possible que des personnes de votre entourage ou des professionnels émettent des réserves ou des inquiétudes sur votre capacité à devenir parent. Il est parfois très dur d'éteindre de tels doutes. Les biais de réflexion et les idées reçues ont la vie dure, même chez des gens bienveillants. Le fait que l'enjeu soit la vie et le bien-être d'un bébé peut exarcerber les peurs.
Comment pouvez-vous donc faire entendre votre choix ?
Notre premier conseil, c'est d'être sûre de vous. Vous êtes la meilleure personne pour définir vos possibilités et vos limites. Plus vous vous ferez confiance, plus il vous sera facile de vous armer contre des questions parfois inadaptées et/ou intrusives. D'ailleurs, vous n'êtes pas obligée de répondre à ces questions. Vous n'avez pas à dévoiler tous les aspects de votre vie privée si cela vous dérange.
En revanche, réfléchissez bien et sincèrement à vos différentes difficultés. Ca vous permettra de savoir comment adapter votre prise en charge ou votre vie avec le bébé. Des aides existent, mais il vaut mieux anticiper les démarches au maximum !
Cela vous donnera également de quoi répondre si on vous pose la question, vous ne serez pas prise au dépourvu.
Le mieux, c'est évidemment de réunir des professionnels de confiance autour de soi. Mais si vous ne vous sentez pas à l'aise avec un soignant ou un autre professionnel, vous n'êtes pas obligé de lui parler de votre vie personnelle. Ce qui est important, c'est de trouver des moyens d'y faire face.