Le mot de la créatrice
Bonjour à toutes et tous et bienvenue sur ce site ! Je pense qu'il est important de vous expliquer ici qui je suis et pourquoi j'ai eu envie de créer ce site d'information et de soutien sur la grossesse imprévue ou non désirée et ses issues possibles.
Je m'appelle Blandine Brin, j'ai 35 ans et je suis la maman de deux ravissantes filles de 7 et 2 ans. Pas si accessoirement que ça, je suis handicapée au niveau moteur, visuel et psychique. Je ne vais pas ici vous détailler tous mes problèmes de santé, mais ceux-ci ont eu leur importance dans la genèse de ce projet qui me tient à cœur depuis plusieurs années. Je vous raconte ?
Il y a 15 ans (En 2005), j'ai découvert que j'étais enceinte à la suite d'un viol, malgré une contraception orale suivie. Cette grossesse n'était évidemment pas attendue. J'ai dû faire face au choix de la mener à terme ou de l'interrompre. Et j'ai pu constater à cette occasion qu'il était très difficile d'obtenir une information neutre et complète sur les possibilités que je pouvais envisager. J'ai été ballottée entre des soignants me poussant vers l'IVG (notamment à cause de mes handicaps), des associations pro-vie et des militants pro-IVG.
Chacun me délivrait son opinion et des données biaisées et partiales. Personne pour me permettre de faire un choix éclairé et personnel. J'ai essayé de trouver par mes propres moyens les informations nécessaires. Je me suis heurtée à une effarante réalité : aucune ressource facile d'accès ne donnait d'information claire et neutre sur toutes les issues possibles à une grossesse : IVG ou poursuite de la grossesse en vue de faire adopter l'enfant ou de le garder.
Au final, privée de ma décision, j'ai fini par avorter alors que j'aurais souhaité poursuivre ma grossesse et tenter d'élever l'enfant avec des aides adaptées. Cela ne m'a tout bonnement jamais été proposé malgré mes demandes.
Même les militants pro-vie ne prenaient pas en compte les spécificités de ma situation. Ils me répétaient en boucle la nécessité absolue de faire naître l'enfant. Par contre, ils ne me proposaient aucun soutien adapté pour tenir la grossesse dans ma situation. Ni les solutions pour l'élever en sécurité. Faire naître un bébé est une chose, lui assurer une vie décente une autre.
Ca aurait été possible pourtant, si quelqu'un avait réellement pris le temps d'écouter mes questions et mes besoins réels, sans calquer ses idées reçues sur mon parcours.
Bref, tout cela m'a durablement traumatisée (et je pèse mes mots) Aujourd'hui encore, évoquer ces événements me serre le coeur.
Mais tout cela c'était il y a 15 ans, les choses ont dû évoluer depuis, me direz-vous !
Eh bien... pas tant que ça ! En 2011, nouvelle grossesse imprévue. Mes handicaps n'avaient hélas pas disparu comme par enchantement et le questionnement sur la suite à donner est revenu. Sauf que l'IVG n'était plus une option dans mon cas personnel : je ne pouvais tout simplement pas m'imaginer revivre ça. Par ailleurs j'avais la chance d'avoir un compagnon prêt à réfléchir toutes les possibilités.
Oui, je considère que c'est une chance ! D'autres personnes enceintes, par choix ou par contrainte, sont seules face à une grossesse imprévue. Ou sont victimes de pressions au sujet de l'avenir de leur grossesse.
Je savais donc au moins vouloir mener à terme ma grossesse. Je devais encore décider si j'allais garder l'enfant qui allait naître ou le confier à l'adoption. Et là encore je me suis heurtée à des avis non sollicités des soignants, de mon entourage, voire de parfaits inconnus ! Et là encore, j'ai lutté pour obtenir quelques informations neutres et fiables.
Aujourd'hui, mon aînée a sept ans et illumine mon existence et celle de son papa. Mais pour en arriver là, il a fallu qu'on se batte pour former notre choix et que celui-ci soit respecté.
Lors de cette grossesse, j'ai également vu à quel point des soignants pouvaient être démunis face à une femme enceinte handicapée, qui connaît ses pathologies et les limites et contraintes qui vont avec. C'est déjà épuisant de se battre au quotidien quand on a un handicap et des douleurs chroniques. Imaginez en plus avec la fatigue d'une grossesse !
A cette époque, j'aurais aimé pouvoir recevoir des informations et du soutien de personnes dans la même galère que moi, ou au moins de gens moins prompts à juger une réalité qu'ils ne connaissent pas...
J'ai vécu trois autres grossesses, dont deux ont malheureusement fini en fausses couches précoces. J'ai à ces occasions pu de nouveau constater la difficulté d'obtenir une prise en charge médicale et sociale adaptée et respectueuse. Ma dernière grossesse m'a permis de donner naissance à ma dernière-née, qui comme sa soeur est un rayon de soleil. Mais encore une fois, j'ai dû me battre contre des soignants, des militants... bref vous connaissez la chanson !
Je n'ai jamais regretté d'avoir mené à terme les deux grossesses qui ont pu l'être. A aucun moment. Parce que c'était mon choix. Et que j'ai fini par apprendre à me débrouiller pour trouver mes solutions pour l'assumer.
Mais tout au long de mon parcours, j'ai pu mesurer à quel point
- Il restait difficile de faire un choix éclairé à la suite de la découverte d'une grossesse imprévue, toujours pour les mêmes causes
- Avoir une prise en charge correcte était difficile, quelle que soit sa décision, lorsqu'on sort du standard des livres d'école "femme blanche cis hétéro valide neurotypique aisée"
Un jour j'en ai eu marre. Et j'ai commencé à lancer le projet GrossesseImprévue pour éviter à d'autres personnes de se retrouver face aux mêmes difficultés que moi, ou du moins d'y être confrontées seules et sans ressources fiables.
Vous êtes ici sur le début de sa réalisation, via ce site. Je vous souhaite la bienvenue !