Je suis mineure et je suis enceinte, comment réagir ?

La découverte d'une grossesse imprévue est toujours un moment délicat. Quand en plus on est une personne mineure, d'autres problématiques se rajoutent en jeu. Quelle que soit la situation dans laquelle vous vous êtes, mineure et enceinte, vous n'êtes coupable de rien. Vous avez le droit de solliciter de l'aide et un suivi gynécologique et/ou social et/ou psychologique. 

Votre corps, votre choix, un droit reconnu légalement

Des codes légaux et un parteau de cour de justice américaine

Il n'est jamais facile de réagir quand un événement intense comme la découverte d'une grossesse déboule dans votre vie. Mais vous n'êtes pas seule et des solutions existent. Tout va bien se passer. Vous avez des droits. Le premier d'entre eux est de choisir l'issue que vous voulez donner à votre grossesse.

Vous êtes la seule personne qui peut décider de recourir à une IVG, poursuivre la grossesse pour confier le bébé à l'adoption ou devenir parent,  "Mon corps, mon choix" n'est pas qu'un slogan militant ! C'est la transcription de la loi française, selon laquelle personne ne peut forcer une personne enceinte à interrompre sa grossesse (Source ICI) ni à la poursuivre si elle souhaite recourir à une IVG (Source ICI). Ne pas être majeure ne change rien au fond de ce principe légal.

Personne ne peut donc décider pour vous... mais il est très probable que des gens, souvent animés des meilleures intentions du monde, tentent de vous influencer dans un sens ou dans l'autre.  Pourtant, il va bien falloir vous fier à quelques personnes, ne serait-ce que pour mieux appréhender les données médicales ou juridiques qui vous concernent.

Choisissez donc bien ceux en qui vous placez votre confiance. Ils doivent vous donner une information complète et loyale sur les issues possibles à votre grossesse, répondre à vos questions sans vous culpabiliser et sans vous presser. Ils doivent vous renvoyer vers des sources d'information claires et le moins biaisées possible. Et surtout, ils doivent respecter votre choix et vous soutenir dans sa réalisation, même s'ils ne sont pas d'accord avec vous.

Dois-je annoncer la grossesse à mes parents ou à mes représentants légaux ?

Quatre mains qui se tiennent

La première question qui se pose, c'est celle de l'annonce ou non de votre grossesse à vos parents ou représentants légaux. Parler des circonstances dans lesquelles vous êtes tombée enceinte et de vos questionnements n'est sans doute pas simple. Il est normal d'avoir peur ou d'être anxieuse, quels que soient vos rapports avec votre famille. Si vous appréhendez de parler à vos parents, nous nous permettons deux petits rappels :

Déjà, vous n'êtes pas coupable de ce qui vous arrive. Jamais. Quelle que soit la situation. Vous êtes mineure et la santé reproductive est un domaine complexe dans lequel des adultes sont censés vous épauler. Par ailleurs le partenaire avec qui la grossesse a été initiée est tout autant concerné que vous.

Ensuite, votre santé (physique comme psychique) est en jeu, ainsi que potentiellement celle d'un bébé à naître. Et c'est ce sur quoi il faut se concentrer.

 

Si vous ne pensez pas pouvoir avertir vos parents que vous êtes enceinte, vous avez probablement de bonnes raisons. Mais surtout, ne restez pas seule face à votre grossesse !  Dans votre contexte tout sauf idéal, il vous sera très difficile de vous passer d'aide extérieure.

Qu'ils s'agisse d'autres  personnes de votre entourage, de professionnels de votre milieu scolaire, de membres d'associations ou de soignants, il faut vous trouver des adultes de confiance pour vous accompagner.

Des modalités différentes pour le recours à une IVG

Deux panneaux indiquant des directions opposées.

Il est important de vous rappeler que selon la loi, si vous décidez de recourir à une IVG, tout doit être mis en oeuvre pour faire respecter votre choix. Mais les modalités et conditions d'accès diffèrent un peu par rapport à une personne majeure. 


Par exemple, même si le consentement de vos parents ou représentants légaux n'est pas indispensable si vous demandez une IVG, les soignants sont obligés de vous inciter à le rechercher (Source 
ICI). Attention, cela ne signifie pas que votre grossesse sera révélée contre votre gré à vos parents ! Si vous maintenez votre demande d'IVG sans leur faire part de votre grossesse, ou s'ils sont dans l'impossibilité de se manifester, les soignants sont tenus au secret médical, mais également de continuer la procédure vers l'avortement.

 

Néanmoins, pour vous protéger, la loi impose qu'une personne majeure de votre choix, quelle qu'elle soit (ami, famillle, membre d'une association...) vous accompagne lors de vos démarches. Cela peut vous apparaître comme une contrainte incompréhensible, notamment si vous ne voyez pas qui pourrait assumer ce rôle. Mais pensez que l'IVG reste un parcours médical qui peut être long et difficile. Mieux vaut pouvoir vous appuyer sur quelqu'un de majeur qui pourra porter ou soutenir votre parole plus facilement auprès des soignants, car elle sera moins sujette à de possibles pressions, infantilisations, etc.
N'hésitez pas à discuter avec cette personne de vos souhaits, de vos besoins et de vos peurs et limites.

 

Enfin, vous devrez impérativement avoir une consultation psycho-sociale dans votre parcours IVG. L'IVG ne pourra être pratiquée que si vous fournissez un document attestant de cette consultation.
L'entretien peut se dérouler dans un centre de plannification familiale ou un centre d'information et de consultation.

Des questions supplémentaires en cas de poursuite de la grossesse

Un corps de femme enceinte, de profil

Scolarité et grossesse

Etant mineure, il est très probable que vous soyez scolarisée.

Poursuivre une grossesse en même temps que sa scolarité peut légitimement vous inquiéter. Les cours, le travail à la maison et les examens, c'est déjà un rythme fatigant. Rajouter les contraintes liées à votre état peut vous sembler insurmontable, surtout si vous envisagez de garder l'enfant une fois né. Mais une fois encore, tout peut très bien se passer, courage !

Quelques informations factuelles

L'instruction (et non la scolarisation) est à l'heure actuelle obligatoire en France jusqu'à 16 ans révolus. Cela changera à la rentrée scolaire 2020, puisque cette obligation sera étendue jusqu'à 18 ans (source ICI) Si vous faites partie des personnes qui reçoivent l'instruction à domicile ou dans un autre cadre, certaines informations de cette rubrique peuvent malgré tout vous intéresser.

Si vous êtes scolarisée au collège ou au lycée, le personnel médico-social de votre établissement est le premier interlocuteur que vous pouvez solliciter pour vous aider à gérer les choses. en accord avec vos professeurs, ils peuvent vous permettre d'aménager au mieux votre scolarité, en vous justifiant un accès facilité à l'infirmerie par exemple, ou en organisant le rattrapage des cours que vous pourriez louper avec les consultations de suivi.

Si vous ne pouvez pas continuer à vous rendre dans votre établissement, que les absences vous pénalisent trop ou que vous étudiez à domicile,  vous pouvez réclamer, avec l'aide d'adultes (famille, personnel médico-social, associations, médecin traitant, sage-femme...) le soutien du SAPAD, qui est un service dédié à la continuité de la scolarité lorsqu'on est empêché de se rendre en cours, ou du CNED, service de cours à distance. Par ailleurs, votre établissement peut vous soutenir en vous fournissant les cours photocopiés, en suivant votre progression et en faisant régulièrement le point avec vous.

Concernant les examens comme le brevet ou le bac, vous pouvez demander des aménagements, comme l'accès aux toilettes sans restrction dès la première heure. N'oubliez pas que votre santé (et celle du foetus) sont en jeu et prioritaires. Un examen peut se repasser, votre vie est en exemplaire unique !

Les questions à vous poser

Des pièces de puzzle

Quelle que soit votre situation personnelle, posez-vous certaines questions de base. De préférence, faîtes-le avec des adultes de confiance qui pourront vous donner des pistes de réflexion sur les possibilités de mise en place d'aides pour arriver à vos fins.

 

Quels sont vos projets d'études/professionnels ? Pensez-vous pouvoir les mener de front avec une parentalité si vous souhaitez garder l'enfant ? Des aides existent, mais vous êtes la seule personne à connaître vos limites personnelles.

Si vous souhaitez le faire adopter, pourrez-vous absorber le choc et organiser au besoin un suivi pour vous soutenir ? Si la voie que vous désirez suivre est trop difficile à suivre, quelles sont les alternatives envisageables ?

Bref, autant que possible, sécurisez votre parcours et voyez les ressources dont vous pouvez disposer autour de vous pour avancer dessus.

 

Si vous désirez garder le bébé à naître, rappelez-vous que même dans des circonstances idéales, élever un enfant est difficile. C'est épuisant, potentiellement coûteux, souvent dur émotionnellement.

Bien entendu, c'est souvent également une grande source de joie et d'épanouissement. Mais un bébé étant par définition ultra dépendant, il faut que quelqu'un puisse lui offrir du temps et de l'énergie, en plus évidemment des soins adéquats.

 

Tout ceci n'a clairement pas pour but de vous décourager ! Il y a des solutions à tout problème : Vous pouvez trouver un mode de garde lorsque vous êtes indisponible, par des adultes autour de vous, par la PMI. Vous pouvez être aidée financièrement selon votre situation. Etc. Bref, rien n'est impossible, mais prenez le temps de poser les choses pour ne pas vous noyer.