LA CROISADE DES ALBIGEOIS (1208-1249)
Les termes « d’Albigeois » et de « Cathares » restent indissociables. Peut-être cela est-il lié au mauvais accueil réservé au légat du Pape qui avait précédé Saint Bernard.
Tout d’abord les cathares qui ne se sont jamais donné ce nom, sont apparus en Bulgarie, où on les appela bogomiles. Le catharisme indubitable a connu un large développement en Allemagne, en Flandre et Champagne, en Bourgogne et surtout dans le Midi et l’Italie aux XIIème et XIIIème siècles. Réprimé au XIIIème siècle par la Croisade contre les Albigeois et l’inquisition, il s’est maintenu au XIVème siècle en Italie, et a subsisté en Bosnie dont c’était la religion officielle, jusqu’à la conquête turque à la fin du XVème siècle. Le terme même de « cathares » qui désigne communément aujourd’hui ces dissidents religieux du Languedoc est apparu tardivement : c’est l’historien luthérien Charles Schmidt qui, reprenant une appellation utilisée au XIIème siècle en Rhénanie mais jamais relevée en Languedoc, assura son succès en publiant en 1848 une Histoire et doctrine de la secte des cathares ou albigeois. Quant à la signification de cette appellation, elle reste assez obscure : probablement veut-elle dire « adorateur du chat », c’est-à-dire sorcier, même si le chanoine Eckbert de Schônau, qui forgea le mot en 1163 à partir d’une expression populaire, le rattachait étymologiquement au grec « catharos », pur.
En, 1209 débute la croisade contre les Albigeois et les Vaudois organisent leur premier rassemblement : la conférence de Pamiers. Dès le XIIème siècle, les textes de l’époque parlent d’hérésie albigeoise sans que cette région soit plus cathare que les autres. Le catharisme était surtout implanté en Languedoc, lequel était dominé par deux familles, la maison de Toulouse et la maison de Trencavel.
La croisade des Albigeois à la Pomarède
Comme le rapporte la « chanson » de la croisade albigeoise, en 1211, le château de La Pomarède a subi l’assaut des croisés . Au bout de quelques jours de siège, les fossés furent comblés par les assaillants. Mais, alors que la forteresse était sur le point de tomber, les assiégés s’échappèrent nuitamment à la faveur d’une brèche qu’ils avaient ménagée dans le rempart. A cette même date, La Pomarède fait effectivement partie des places fortes acquises à la cause du comte de Toulouse contre Simon de Montfort.
Déroulement de la croisade
La lutte contre le Catharisme
Le catharisme apparaît en Languedoc au cours du XIIème siècle et six évêchés cathares s’y créent. Face à un clergé chrétien riche et parfois corrompu et dénonçant cette situation, cette nouvelle religion n’a aucun mal à se développer dans les classes inférieures de la population, puis à gagner les couches les plus hautes de la société.
Les cathares considèrent qu’il existe deux principes supérieurs : le bien (Dieu) et le mal (Satan). Certains se destinent à l’état religieux et après être ordonnés, pratiquent une vie d’ascète et sont appelés Parfaits (ou Parfaites). Ils ne reconnaissent qu’un seul sacrement, le consolament, qui apporte le salut à celui qui le reçoit, mais l’engage à suivre cette vie d’ascétisme.
Dés 1119, le pape Calixte II dénonce cette Église qui se développe en terre chrétienne. En 1177, le comte Raymond V de Toulouse demande l’aide de l’abbaye de Citeaux pour combattre l’hérésie. Une expédition conduite par le comte et l’abbé Henri de Marsiac assiège Lavaur, connue comme étant le siège de l’hérésie.. Quand la ville se rend, deux dignitaires cathares sont capturés et abjurent leur foi.
Quand Raymond VI succède à son père, en 1194, une partie de la classe dirigeante est convertie au catharisme. S’inquiétant de l’influence grandissante de l’Église cathare en Languedoc le pape Innocent III envoie de nombreux prêtres dont, Dominique de Guzmàn et Guy des Vaux de Cernay, pour prêcher le retour au catholicisme. Les conversions sont rares et Dominique de Guzmàn à l’idée de créer l’Ordre des Prêcheurs qui prend modèle sur la prédication de Jésus.
Le pape délègue Pierre de Castelnau auprès de la noblesse et du haut-clergé languedociens, pour les inciter à prendre des mesures contre les cathares.
Le comte de Toulouse Raymond VI n’agissant pas, et après plusieurs entrevues, l’excommunie début janvier 1208. Peu après, le 14 janvier 1208, Pierre de Castelnau est assassiné, alors qu’il quitte Saint-Gilles pour revenir auprès du pape.
La croisade des barons (1209)
Le pape Innocent III décide alors d’organiser une expédition contre les Cathares et accorde les mêmes droits qu’à ceux qui combattaient en Terre Sainte. Cette expédition prend le nom de Croisade des Albigeois et combat les ennemis de la papauté. Arnaud Amaury et Guy des Vaux de Cernay parcourent le royaume de France afin d’inciter les barons à prendre part à la croisade.
Le pape demande au roi Philippe Auguste de diriger cette expédition, celui-ci refuse pour plusieurs raisons d’abord juridiques et pratiques, étant encore en guerre avec l’Angleterre de Jean sans Terre. Il interdit dans un premier temps aux barons de son royaume de prendre part à cette croisade, avant de changer d’avis.
Les croisés se réunissent près de Lyon et se dirigent vers le sud sous la direction du légat Arnaud Amaury.
Trois grands féodaux dominent alors le Languedoc : le roi Pierre II d’Aragon également comte de Barcelone, de Gévaudan, de Roussillon, seigneur de Montpellier et le suzerain de plusieurs autres seigneurs ; Raymond VI, comte de Toulouse et Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers, de Carcassonne et d’Albi.
Raymond VI de Toulouse n’arrivant pas à s’entendre avec Trencavel, fait amende honorable et rejoint les croisés à Saint-Gilles le 18 juin 1209.
Le sac de Béziers (juillet 1209) en occitan « lo chaple de Besièrs » ou « Grand masèl » est une opération militaire particulièrement meurtrière de la croisade des Albigeois et de l’histoire de France.
Les croisés décident d’attaquer les vicomtés de Béziers, du Razès, d’Albi et de Carcassonne, tenues par Raimond-Roger Trencavel. Celui-ci demande une entrevue avec Aranud Amaury, abbé de Citaux et légat du pape, tente de négocier avec la croisade. Mais le légat exige une soumission totale, le jeune vicomte refuse , retourne à Béziers et la met en état de siège pour qu’elle puisse résister pendant au moins quarante jours (les croisés ne devaient que la quarantaine, au service de la croisade- c'est-à-dire qu’ils devaient fournir quarante jours de service à la cause de la croisade), puis se dirige sur Carcassonne afin de lever une armée de secours.
Renaud de Montpeyroux, évêque de Béziers, tente une ultime médiation. Arnaud Amaury exige que les cathares lui soient livrés. L’évêque dresse une liste de 222 noms hérétiques. L’abbé de Citaux exige que tous les catholiques sortent de la ville pour ne pas partager le sort des cathares. La population et les capitouls de la ville repoussent cette exigence, seuls l’évêque et quelques catholiques quittent la ville. Les juifs ont déjà quitté la ville.
La croisade atteint la ville à la mi-juillet. Les fortifications de la ville sont suffisamment solides et puissantes, l’armée commence à s’installer et se prépare à un siège qui promet d’être long. Le 22 juillet 1209 de part une bravade de quelques biterrois qui se repliant dans la ville en désordre ne purent empêcher les ribauds (personnes qui suivaient une armée) d’y pénétrer. Ceux-ci envahissent la ville et massacrent les habitants même ceux réfugiés dans les églises. Avertis de la prise de la ville , Arnaud Amaury et les chevaliers essaient de chasser les ribauds de la ville ; furieux ceux-ci mettent alors le feu à la ville.
Lors du siège de Béziers (le chiffre de 20 000 morts est cité dans le rapport que les légats adressent au pape Innocent III). On prête au légat du pape Arnaud Amaury cette citation « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ».
Un certain nombre de seigneurs et de cités occitanes préfèrent alors cesser la résistance et rejoignent la croisade, qui quitte les ruines de Béziers le 26 juillet en direction de Carcassonne.
Le siège de Carcassonne (1°au 15 août 1209)
Les croisés arrivent au pied de la ville dans l’après-midi du samedi 1er août et établissent un campement. La population en temps normal dans la cité est de trois à quatre mille habitants, mais de nombreux paysans fuyant la croisade s’y sont réfugiés. A l’aube du 3 août, les croisés attaquent le Bourg, l’un des quartiers excentrés de Carcassonne et l’incendie. La veille, Trencavel l’avait fait évacuer – trop difficile à défendre – Le même jour, les croisés occupent la rive gauche de l’Aude, coupant la cité de son approvisionnement en eau.
La médiation de Pierre II – roi d’Aragon -
Pierre II est le suzerain de Trencavel en tant que comte de Barcelone et voit avec une grande inquiétude une armée croisée intervenir dans une région où il projette d’accroître son influence. Arrivant dans le camp des croisés, il se rend auprès de Raymond VI son beau-frère. Puis demande au légat pontifical Arnaud Amaury l’autorisation de se rendre dans la ville et de parlementer avec Trencavel. A la fin de l’entretien, il consent à ce que Pierre II négocie une reddition dans les meilleures conditions. Le roi se heurte à l’intransigeance d’Arnaud -Amaury qui exige une reddition sans condition, consentant seulement la liberté de Trencavel et de onze chevaliers. Trencavel refuse. N’ayant rien obtenu, le roi repart le 6 août vers l’Aragon.
La reddition
Le 7 août les croisés attaquent de nouveau l’autre faubourg de Carcassonne, le Castellar ; mettent en place des machines de siège et le bombardent Une brèche est ouverte dans le rempart et les Français envahissent le Castellar et les défenseurs sont repoussés vers la ville.
Le manque d’eau se fait cruellement sentir dans la ville. Les puits sont à sec et les points d’eau inaccessibles tenus par les croisés. Le 14 août un messager des croisés se présente à la tête d’une délégation de trente chevaliers et demande à parlementer avec Raymond-Roger. Trencavel se rend au camp des croisés pour négocier, mais il est retenu en otage.
Ni Trencavel, ni les croisés n’avaient intérêt que la ville soit prise d’assaut puis mise à sac comme Béziers. Trencavel se devait de protéger les populations qui s’étaient mises sous sa protection et négocier les meilleures conditions pour elles. Sachant qu’ils devaient confier les vicomtés à l’un des leurs, les croisés savaient qu’il fallait suffisamment de revenus pour financer la suite de la lutte contre le catharisme.
La reddition de la ville est fixée au 15 août. Trencavel se donne comme unique otage pour garantir la reddition. Tous les habitants de Carcassonne doivent quitter la ville en ne portant que leur seuls vêtements, même les Parfaits, ne sont ni inquiétés ni appréhendés.
Après la prise de la ville, Arnaud Amaury ne relâche pas son otage, mais le jette en prison où il meurt le 10 novembre 1209. La vicomtesse et son fils se réfugient dans le comté de Foix, mais Raymond II Trencavel n’aura qu’une vie d’exilé, avant de faire sa soumission définitive en 1247.
Les Carcassonnais se dispersent et se réfugient dans la Montagne Noire, le Lauragais, Toulouse ou l’Espagne.
Après discussions et négociations, les vicomtés sont confiés à Simon IV de Montfort. La première croisade des Albigeois se termine, et les barons commencent à rentrer chez eux – ayant effectué leur quarante jours de service.
Simon de Montfort devra faire la conquête des vicomtés avec des effectifs diminués et changeants, qui n’hésitent pas à quitter le champ d’une action militaire le quarantième jour de leur service, qu’elle qu’en soit l’issue.
Siège de Toulouse (15 au 29 juin 1211)
Le premier siège de Toulouse est une opération militaire de Simon IV de Montfort dans le but de conquérir le comté de Toulouse sur le comte Raymond VI.
En 1211, le comte Simon de Montfort a achevé la prise de contrôle des vicomtés Trencavel (Béziers, Albi, Carcassonne et Razès) en prenant les principales places fortes (Minerve, Termes et Cabaret). Il reste des régions où le catharisme reste bien implanté. Il s’agit des possessions du comte Raymond VI de Toulouse (Toulousain, Rouergue , Quercy …).
Raymond avait tenté de faire amende honorable au concile de Saint-Gilles, mais le légat du pape Arnaud Amaury avait décidé de le faire tomber et l’y avait fait condamner et avait confirmé son excommunication. Selon les règles de l’Eglise et de la féodalité, les biens d’un excommunié appartenaient au premier seigneur capable de les conquérir .Aussi le légat du pape avait incité Simon de Montfort à le faire, lequel avait commencé par prendre Lavaur.
Raymond de Toulouse, prévoyant le siège, avait fait incendier Castelnaudary puis avait emmené les paysans, les récoltes et le bétail afin de nuire au ravitaillement de Simon de Montfort. Celui-ci bénéficie d’un bataillon de croisés, menés par Thièbaut Ier, comte de Bar et de Luxembourg. La route menant à Toulouse et venant de Carcassonne était gardée par le château de Montferrand, tenue par Baudouin de Toulouse, le frère de Raymond VI. Ne disposant pas d’effectifs suffisants, il se rend après deux assauts et fait allégeance auprès de Montfort. Après Montferrand, plusieurs forteresses se rendent et Simon de Montfort approche de Toulouse dans la première moitié de juin 1211.
Les consuls envoient une délégation auprès de Simon de Montfort et du légat Arnaud Amaury. Les chefs de la croisade leur demandent de chasser leur comte, et leur déclarent que s’ils ne rejettent pas leur comte, les chrétiens de Toulouse seront assimilés à des hérétiques ou receleurs d’hérétiques. La délégation rentre en ville, et toute la population toulousaine décide de faire front commun face aux croisés.
Le 15 juin, Simon et son armée se présente à Montaudran pour franchir l’Hers, mais une armée réunie par les comtes de Toulouse, de Foix et de Comminges lui barre le passage Simon feint de battre en retraite et passe par un autre pont que les Toulousains n’avaient pas fini de détruire et attaque l’armée des trois comtes, qui s’enfuit. A la fin de la journée, l’armée de Simon de Montfort et du comte de Bar s’installe devant Toulouse.
Au bout de deux semaines, le siège n’a pas avancé, le ravitaillement de l’armée de plus en plus difficile, aussi Simon de Montfort se rend compte qu’il n’arrive à rien, et lève le siège le 29 juin.
Siège de Castelnaudary (septembre 1211)
Le siège de Castelnaudary est une opération militaire de Simon de Montfort au cours de ses campagnes visant à conquérir le comté de Toulouse.
Après la levée du siège de Toulouse en juin 1211, Simon en représailles de la bataille de Mongey effectue une chevauchée dans le comté de Foix. Puis, il part dans le Quercy recevoir l’hommage de Guillaume de Cardeillac, évêque de Cahors et comte de Quercy. Mais les occitans profitent de l’éloignement de leur seigneur pour s’agiter. Sicard de Puylaurens a repris son château et Raymond VI de Toulouse mobilise de nouveau ses troupes. Certains barons de l’entourage de Simon parlent d’abandonner leurs nouveaux fiefs pour rentrer chez eux. D’autres proposent de se retrancher dans Carcassonne ou Fanjeaux. Seul Hugues de Lacy propose une place assez faible, afin d’attirer l’armée ennemie. C’est Castelnaudary que choisi Simon de Montfort.
Comptant sur la troupe d’une cinquantaine de chevaliers de Guy de Lacy, Simon à peine installé dans la ville, une armée du comte de Toulouse survient et installe son camp. Les habitants des faubourgs de la ville vont immédiatement lui rendre hommage. La nuit, Simon effectue et déloge les partisans de Toulouse.
Devant la supériorité numérique des troupes de Raymond VI de Toulouse et Raymond-Roger de Foix, Simon de Montfort envoie Guy Ier de Lévis à Carcassonne et Béziers pour réquisitionner les milices des deux villes. Mais elles refusent de venir, ainsi que le vicomte de Narbonne. La plupart des cités languedociennes jouent l’attentisme en attendant de connaître le vainqueur.
Ils réussissent à préparer un convoi de vivres pour les assiégés, à trouver trois cents volontaires et font route vers Castelnaudary, rejoints par Bouchard de Marly qui a obtenu une armée de l’évêque de Cahors. Le convoi est attaqué par le comte de Foix à Saint-Martin-Lalande. Pour Simon de Montfort c’est un dilemme : faut-il rester dans la ville et perdre ses alliés et le ravitaillement dont il a besoin, ou les secourir et risquer de perdre la ville. Il choisit d’attaquer le comte de Foix, ne laissant que cinq chevaliers et quelques sergents pour défendre Castelnaudary. Les routiers du comte de Foix avaient commencé le pillage du convoi et sont totalement pris au dépourvu par l’armée de Montfort. L’armée de Raymond-Roger de Foix doit s’enfuir et se réfugier dans le camp du comte de Toulouse.
Simon de Montfort, dans l’euphorie de la victoire et des retrouvailles, perd du temps et l’occasion d’investir le camp, et repart à Carcassonne lever de nouvelles troupes, ses effectifs étant insuffisants face à l’armée de Toulouse. Il accueille un nouveau contingent de croisés conduit par Alain de Roucy, quand il apprend que le comte de Toulouse a levé le siège et incendié son camp.
La noblesse occitane, persuadée que Raymond VI va reprendre l’offensive, reprend ses châteaux. Les croisés perdent une cinquantaine de place forte.
La bataille de Muret (12 septembre 1213)
Lassé de l’ingérence et des assauts du parti du pape et des Croisés , renforcé par le prestige d’une victoire sur les Maures ( 17 juillet 1212 à Las Navas de Tolosa), le roi d’Aragon ose soutenir son allié toulousain. Avec ses alliés occitans comme Raymond-Roger, comte de Foix et Pierre II, roi d’Aragon - Raymond VI comte de Toulouse. Lancent une contre –attaque, et s’attaquent à la ville de Muret tenu par les croisés sous les ordres de Simon IV de Montfort pour le compte du pape Innocent III.
Après le concile de Lavaur le 21 janvier 1213, le roi d’Aragon prend officiellement Raymond VI, comte de Toulouse, Raymond-Roger, comte de Foix, Bernard IV, comte de Comminges et Gaston VI, vicomte de Béarn sous sa protection et reçoit leur hommage.
Philippe II Auguste roi de France, dont les droits sur le sud du royaume étaient lésés par cet hommage, voulut envoyer son fils Louis prêter main-forte, mais doit au dernier moment l’envoyer combattre le roi d’Angleterre, ce qui oblige Simon à attendre d’autres contingents de croisés, menés par les évêques d’Orléans et d’Auxerre. Pendant ce temps le château de Pujols est assiégé puis pris par les Occitans et sa garnison massacrée.
A la fin du mois d’août 1213, Pierre II, franchit les Pyrénées, rejoint ses alliés et commence le 8 septembre le siège de Muret, défendu que par une trentaine de chevaliers de Simon. La ville est rapidement prise. Pierre II souhaite que Simon puisse atteindre et se réfugier dans le château à la tête de ses troupes pour mieux le vaincre.
Simon IV de Montfort qui se trouvait à Fanjeaux, lève une troupe de mille cavaliers, arrive à Muret le 11 septembre et entre dans le château.
Au matin du 12 septembre, il sort de la ville avec tous ses chevaliers qui se regroupent dans la plaine à proximité de la Porte de Salles. Il répartit ses troupes sur trois lignes, une commandée par Guillaume des Barres, la seconde par Bouchard de Marly et la troisième par Simon de Montfort. Les trois bataillons suivent la Louge vers le sud, évitant les milices toulousaines qui, à défaut de les intercepter auraient pu sonner l’alarme. Cette manœuvre donne au contraire l’impression d’une fuite.
Traversant la rivière plus loin, ils reviennent directement sur le camp des Occitans où la chevalerie adverse prend position, mais dans un grand désordre.
Le bataillon de Guillaume des Barres se rue sur celui du comte de Foix, qu’il enfonce sans peine et qui reflue sur la ligne de Pierre d’Aragon. C’est alors que la charge de Bouchard de Marly arrive sur le lieu et continue de désorganiser les deux bataillons adverses. La mêlée est indescriptible, et le vacarme assourdissant. Très rapidement deux chevaliers, Alain de Roucy et Florent de Ville, décident de viser la tête de la coalition et tuent un héraut d’armes, qu’ils ont pris pour le roi. Ce dernier se fait connaître pour démentir les cris annonçant sa mort, mais est tué peu de temps après. Pendant ce temps Simon de Montfort et son bataillon effectuent un mouvement tournant pour attaquer l’ennemi sur son flanc droit.
Raymond VI, qui commande la troisième ligne occitane, prend la fuite vers Toulouse, sans combattre. Les survivants des deux premières lignes fuient en direction de la Garonne. Mais les milices toulousaines, qui ne participaient pas à la bataille, avaient commencé le bombardement de la ville et du château, et la défaite de la chevalerie arago-toulousaine ne le faisait pas renoncer.
L’arrivée des chevaliers victorieux, poursuivant les survivants aragonais, sème alors la désorganisation dans leur camp et les fait fuir vers la Garonne.
Le fils de Pierre II, Jacques, âgé de six ans, est fait prisonnier. Mais le pape demande à Simon de rendre Jacques d’Aragon à son royaume et impose une trêve, empêchant Simon d’exploiter immédiatement son avantage. Simon de Montfort met Jacques sous la garde de Pierre Nolasque puis les envoie tous deux en Espagne.
Cette défaite et la mort de Pierre II met fin aux velléités d’intervention de la couronne catalano-aragonaise contre la croisade. Les comtes de Foix et de Comminges repartent sur leurs terres. Le comte de Toulouse part pour l’Angleterre rencontrer Jean Sans Terre et laisse aux consuls de Toulouse le soin de négocier avec les chefs de la croisade.
Le siège de Beaucaire (3 juin au 24 août 1216)
A l’issue du IVe concile de Latran, le 14 décembre 1215, le comte Raymond VI de Toulouse avait été dépossédé de ses états. La plus grande partie (comtés de Toulouse, d’Agen, de Rouergue, de Quercy et de Lodève) avaient été donnés à Simon IV de Montfort tandis que le marquisat de Provence était destiné à Raymond VII de Toulouse, sous condition de bonne conduite.
Quelques mois se sont écoulés. Simon de Montfort s’est rendu à Paris pour rendre hommage de ses nouvelles terres à Philippe II Auguste, roi de France, et Raymond VI s’est réfugié à Gênes, avec son fils. De Gênes, ils décident de ne pas attendre pour prendre possession du marquisat de Provence et débarquent à Marseille où ils aident les consuls et la population de la ville en lutte contre l’évêque de Marseille. En remerciement, ils obtiennent une armée qui leur permet d’occuper le marquisat de Provence.
Lorsqu’il avait rendu sa sentence à propos des biens de Raymond VI, le pape n’avait pas évoqué la ville de Beaucaire. Cette ville appartenait aux archevêques d’Arles et en avaient confié la garde aux comtes de Toulouse. En 1215, l’archevêque l’avait reprise et confiée à Simon, qui y avait laissé une garnison commandée par Lambert de Limoux. Simon de Montfort la revendiquait comme sa possession, Raymond VII la revendiquait comme sienne, étant limitrophe avec le marquisat de Provence.
La ville située au bord du Rhône en faisait une cité riche et stratégiquement importante.
Soutenu par une armée d’Avignonnais et de Tarasconnais, Raymond VII se rend à Beaucaire, où les habitants lui ouvrent les portes, à la fin du mois de mai 1216. Les troupes de Lambert de Limoux en minorité et sous la pression des habitants l’oblige à se replier dans le château, et se trouve rapidement assiégé. Il a cependant le temps d’envoyer des messages à Simon de Montfort, qui se trouve en Ïle-de-France et à son frère Guy de Montfort, qui se trouve à Toulouse.
Dès qu’il est prévenu, Guy bat le rappel des troupes et marche sur Beaucaire. Il arrive à Nîmes le 3 juin.
Raymond de Toulouse ne dispose pas assez d’effectif pour engager la bataille en rase campagne, se retranche dans la ville, dont il avait organisé la défense et le ravitaillement avant l’arrivée de Montfort. Simon pour ravitailler son armée, doit faire escorter les convois, la région n’est pas sûre et les provençaux les attaquent périodiquement. Cela diminue les effectifs pour le siège. A trois reprises, il tente de prendre d’assaut la ville, mais est repoussé à chaque fois. Ces troupes manquent d’entrain et de courage et durant le mois d’août les vivres et l’eau viennent à manquer, Lambert de Limoux propose de capituler. Les barons de Montfort lui conseillent de mettre fin au siège, afin de régler la situation du comté de Toulouse. Simon de Montfort s’y résigne et négocie avec le comte de Toulouse la levée du siège en échange de la vie sauve pour la garnison.
Ce siège est un grave échec pour Simon de Montfort, et son invincibilité est mise à mal. Ces troupes usées par sept ans de guerre sont gagnées par la lassitude et le découragement. A partir de ce moment Simon va accumuler les erreurs.
Le siège de Toulouse (22 septembre 1217 au 25 juillet 1218)
Simon de Montfort apprend que le comte Raymond VI de Toulouse marche sur Toulouse à la tête d’une armée. Simon envoie une avant-garde qui est capturée par les Toulousains, puis y conduit son armée à marche forcée et devance l’armée de Raymond VI.
Les Toulousains, dans une position difficile, car capturer le détachement d’avant-garde est un signe de rébellion ouverte, envoient une délégation, qui est capturée. Simon de Montfort furieux parle d’imposer une forte amende à la ville ou de la mettre à sac. Foulques de Marselha, évêque de Toulouse et ami de Montfort se pose en médiateur. Pendant que l’évêque parlemente avec la population, l’armée de Montfort pénètre dans la ville et met le feu au quartier juif, pour désorganiser ses opposants. La ville se couvre de barricades et il doit se replier dans le Château Narbonnais. Sans l’armée, les notables toulousains savent qu’ils ne peuvent résister à l’armée française. Aussi, décident-ils de négocier la reddition de la ville. Quand les soldats français capturés par les toulousains sont libérés, Simon de Montfort jette le masque et exerce une forte répression dans la ville – arrestations brutales, déportations des notables, et rançon de trente mille marcs d’argent.
Le résultat de ces exactions est de transformer l’animosité de Toulouse envers Montfort en haine.
Au mois de novembre 1216, Simon de Montfort quitte la ville et va marier son fils Guy avec Pétronille de Comminges, comtesse de Bigorre. Puis il revient à Toulouse, pour les fêtes de Noël 1216 et institue un nouvel impôt pour financer son armée. Au début de 1217, il part combattre Raymond-Roger, comte de Foix, reprends quelques châteaux pris par des chevaliers faydits dans les Corbières. En juin 1217, il part en Provence déloger Raymond VII qui tient le marquisat. Il prend la ville de Crest à Aymar II de Poitiers, comte de Valentinois et le soumet, enlevant à Raymond VII son principal allié, quand il reçoit un message de son épouse Alix de Montmorency, restée au Château Narbonnais de Toulouse, qui lui apprend que Toulouse s’est de nouveau révoltée et qu’elle a ouvert ses portes à l’armée de Raymond VI.
Le comte Raymond VI, que Simon de Montfort pensait être en Provence, était en fait en Aragon. Dès le départ de Montfort pour la Provence, Raymond rassemble une armée et des chevaliers faydits et se dirige sur Toulouse. Rejoints par les comtes de Foix et de Comminges, il met en déroute une petite troupe commandée par Joris, un Languedocien fidèle à Montfort. Evitant les garnisons laissées par Simon entre le 13 septembre dans Toulouse sous les acclamations de la foule. Alix de Montmorency, restée au château Narbonnais, ne peut empêcher l’entrée de l’armée, mais envoie des messagers à Guy et Simon de Montfort.
Pendant ce temps les Toulousains se dépêchent de remettre en état de défense la ville, et de reconstruire les fortifications détruites.
Guy de Montfort arrive sur place le 22 septembre, accompagné d’Alain de Roucy, d’Hugues de Lacy, de Guy de Lévis et de Foucault de Berzy. Ils tentent vainement un assaut, repoussé par le comte de Foix, à proximité de la porte de Montoulieu encore en ruines. Début octobre, Simon de Montfort arrive devant la ville et organise un assaut, prévenu, le comte de Comminges repousse l’assaut et tente de blesser son gendre. Après l’échec de ce second assaut, Simon de Montfort doit se résigner à un siège.
Le lendemain, il investit le faubourg Saint-Cyprien qui permet le ravitaillement de Toulouse. Mais ce même jour, Toulouse reçoit des renforts sous la forme de contingents catalans et aragonais. Simon ne reçoit que quelques renforts languedociens, et les Toulousains reprennent le faubourg.
De part et d’autre se construisent des perrières et des mangonneaux. L’hiver se passe avec un seul assaut infructueux. Toulouse est trop grande et trop bien défendue pour être pris d’assaut, et les effectifs français sont trop faibles pour assurer un blocus efficace.
Le jour de Pâques, le 15 avril 1218, les Toulousains tentent une sortie qui se termine en bataille sanglante, sans faire évoluer la situation. Au début du mois de mai, des contingents de croisés, conduits par Michel de Harnes, un seigneur artésien, et Gautier de Langton, un seigneur anglais, viennent rejoindre Simon de Montfort. Il en profite pour tenter de reprendre le faubourg Saint-Cyprien, mais les Toulousains avaient prévu l’attaque et dressé des barricades. Fin mai, un orage éclate et des pluies diluviennes tombent, faisant grossir la Garonne qui déborde et inonde le faubourg Saint-Cyprien, le débarrassant de ses barricades et emportant les ponts. Simon de Montfort peut enfin occuper le faubourg et empêcher le ravitaillement de la ville.
Le 2 juin, Montfort tente d’attirer les troupes toulousaines à l’extérieur de la ville, mais Raymond-Roger de Foix réussit à sauver la situation. Les croisés reçoivent un nouveau contingent mené par le comte de Soissons, tandis que Raymond VII entre dans la ville avec ses troupes.
Le prince Louis, fils du roi de France Philippe Auguste, se rend en Languedoc à la tête d’une armée et rejoint Amaury VI de Montfort qui assiège Marmande le 2 juin 1219. La ville est prise et sa population massacrée. Les croisés marchent alors sur Toulouse qu’ils atteignent le 17 juin.
Simon ordonne la construction d’une tour en bois, et les Toulousains tentent une sortie le 25 juin pour la détruire. Une fois de plus la mêlée est sanglante. Au cours des combats, Simon aperçoit son frère Guy tomber, son cheval tué. Il se porte à son secours quand il reçoit sur la tête une énorme pierre lancée d’un mangonneau voisin. Il est tué sur le coup.
Amaury VI de Montfort, son fils ainé, prend immédiatement la direction des opérations, mais le moral des troupes croisées chute, et le contingent du comte de Soissons quitte le siège sa quarantaine achevée. Il tente un dernier assaut, le 1er juillet 1219. A contrecoeur et sur le conseil de son oncle Guy et de ses barons, il lève le siège de la ville le 25 juillet.
L’échec de ce siège confirme l’arrêt de l’expansion des Montfort en Occitanie, déjà mis au jour avec le siège de Beaucaire.
Le 1er août le prince Louis retourne dans le nord. Pendant le restant de l’année, Raymond et Amaury parcourent le pays cherchant à gagner des partisans.
De juillet 1220 à février 1221, Amaury assiège sans succès Castelnaudary. Le 2 août 1222, Raymond VII succède à son père et tente de faire allégeance au roi, qu’il ne le reconnaitra que si l’Eglise fait de même. Raymond VII commence des démarches en ce sens, tandis que Roger-Bernard de Foix continue la lutte en reprenant Fanjeaux, Limoux, Pieusse (1222), puis Mirepoix (juin 1223).
La paix revenait en Languedoc, sur une victoire de Raymond VII.
Un concile s’apprête à se réunir à Paris pour négocier les termes politiques et religieux de la paix. Mais le roi Philippe, malade, meurt le 14 juillet 1223. Le nouveau roi plus prompt à diriger une croisade que son père, les envoyés du pape l’incitent à reprendre la lutte. Blanche de Castille, la femme de Louis VIII convainc également son mari à intervenir. Amaury, à qui il ne reste plus que Carcassonne, Minerve et Penne - d’Agenais, retourne en Ile-de – France le 14 janvier 1224. Le roi demande alors au pape des garanties (les archevêques de Bourges, Reims et Sens doivent être les chefs spirituels de la croisade et ont tout pouvoir pour excommunier et jeter l’interdit ; trêve de dix ans avec l’Angleterre ; contribution financière accordée par l’Eglise aux croisés, …) qui montrent plus l’action d’un roi de France que d’un dévot.
Un concile se réunit à Bourges le 29 novembre 1225 pour traiter de la question cathare et le comte Raymond VII, n’ayant pas satisfait à toutes les exigences du pape est à nouveau excommunié le 28 janvier 1226.
Le 30 janvier, le roi Louis VIII prend la croix contre les cathares. C’est en fait une tentative de conquête du Languedoc. Son armée arrive à Lyon le 28 mai. Il reçoit les soumissions des différentes villes provençales et languedociennes. Le 6 juin, l’armée se présente devant Avignon, mais les habitants craignant les exactions des soldats, lui refusent l’entrée. Le 10 juin débute le siège. Un assaut général est donné le 8 août, mai est repoussé. Les vivres manquant, la ville capitule le 9 septembre. Thibaud IV, comte de Champagne quitte alors l’ost (service dû par les vassaux à leur suzerain), ayant effectué sa quarantaine, au grand déplaisir du roi.
Louis VIII reçoit la soumission du comte de Comminges, privant Raymond VII de son seul allié, et annexe les vicomtés Trencavel. Avertis de l’approche de l’armée royale, les bourgeois de Carcassonne se révoltent contre Trencavel, qui s’était établi à la cité, et le forcent à se replier sur Limoux, en compagnie de Roger Bernard de Foix. De là, les deux alliés organisent la résistance. Le roi contrôle maintenant le pays et réinstalle les compagnons de Simon de Montfort dans leurs anciens domaines. Il nomme Humbert V, sire de Beaujeu comme gouverneur des vicomtés.
Le 29 octobre 1226, le roi atteignant Montpensier en Auvergne, malade, s’y alite et y meurt le 8 novembre.
Raymond VII et ses alliés profitent de l’hiver pour regagner du terrain. Humbert possède une armée réduite pour le contrer, mais est investi de l’autorité royale et n’est pas assujetti aux directives de l’Eglise. L’hérésie regagne du terrain et l’archevêque de Narbonne réunit un concile provincial qui renouvelle l’excommunication des comtes de Toulouse et de Foix et de Trencavel. Recevant des renforts au cours de l’été Humbert de Beaujeu, assiège Labécède, défendu par Olivier de Termes et Pons de Villeneuve. Le château est pris et les parfaits qui s’y étaient réfugiés sont brulés. Au cours de l’été 1228, Humbert attaque Toulouse, mais ne pouvant la prendre car trop bien défendue, ravage la campagne environnante pendant trois mois sans que le comte Raymond VII n’intervienne.
Au mois de novembre, Olivier de Termes et Pons de Villeneuve font leur soumission.
Le pape Honorius III meurt le 18 mars 1227 et son successeur Grégoire IX connaît les problèmes de la régente Blanche de Castille face aux grands seigneurs insoumis. Il envoie à Paris son légat Romain de Saint- Ange pour négocier une paix. Un accord se dessine et après qu’une conférence se soit réunie à Meaux en mars 1229, le Traité de Paris est signé le 12 avril 1229.
Raymond de Toulouse fait pénitence devant Notre-Dame de Paris, il est confirmé comme comte de Toulouse, mais donne Jeanne sa fille unique, en mariage à Alphonse de France, frère du roi.
Le 16 juin Roger-Bernard II de Foix accepte de se soumettre et signe la capitulation de Saint-Jean-de-Verges.
Le 20 avril 1233, le pape envoie en Languedoc les tribunaux de l’Inquisition pour lutter contre les Cathares.
Les Languedociens, au cours de l’été 1240, se révoltent. Une armée surgit des Corbières. Son chef Raymond Trencavel à la tête de faydits du Razès, du Carcassonnais et du Fenouillèdes, épaulé par un corps d’infanterie aragonais, tente de reprendre ses anciens domaines au roi de France. Profitant de l’effet de surprise, elle fond sur le Carcassès, mais au lieu d’attaquer la cité, le vicomte préfère entrer en possession du Razès. Ainsi, le sénéchal de Carcassonne, Guillaume des Ormes a le temps de renforcer ses défenses. Le siège de la cité par Raymond est un échec et il s’enferme dans Montréal.
Le comte de Toulouse est resté à l’écart du conflit, le roi lui reproche de ne pas avoir répondu à l’appel du sénéchal du Languedoc, et doit faire sa soumission le 12 mars 1241. Il donne le change en assiégeant en juillet 1241 le château de Montségur qu’il ne prend pas. Pour avoir un fils, et ainsi permettre que Toulouse ne revienne à Alphonse de Poitiers, il répudie son épouse et en cherche une autre, mais les décès successifs de plusieurs papes retardent l’annulation de son mariage.
Le 21 juillet 1242, Louis IX écrase la noblesse poitevine et le roi Henri III d’Angleterre à Taillebourg et marche en direction du Languedoc, à la tête d’une armée. Le comte de Foix est le premier à abandonner le comte de Toulouse pour se rallier au roi, provoquant la défection des autres alliés.
En janvier 1243, Raymond VII fait acte de soumission à Louis IX , imité par le comte de Foix et le vicomte de Narbonne.
La résistance cathare se concentre alors sur quelques châteaux pyrénéens, dont Montségur et Quéribus. Le concile de Béziers, en 1243, décide d’en finir et ordonne la prise du château de Montségur. Hugues des Arcis, sénéchal de Carcassonne, prend le château le 16 mars 1244, après un siège de dix mois. Les Parfaits réfugiés dans le château refusent d’abjurer leur foi et sont aussitôt brûlés (sauf trois, qui réussiront à s’échapper la nuit avant le bûcher).
Guy de Lévis, seigneur de Mirepoix, prend ensuite possession du château.
Après le bûcher de Montségur, l’église cathare est désorganisée, et de nombreux Parfaits se réfugient en Lombardie. Les derniers châteaux cathares, Quéribus et surtout Niort (qui était avec tout le pays de Sault le refuge de nombreux parfaits), sont pris à leur tour en 1255.
Vers 1295, un notable d’Ax-les-Thermes, se rend en Lombardie auprès des cathares, puis revient et tente de recréer une église cathare en Languedoc, mais l’Inquisition met fin à son mouvement en 1309.
L’Inquisition reste encore active dans cette partie du royaume pendant environ trois quarts de siècle jusqu’à ce que le catharisme soit complètement éteint.
Bilan des croisades
Cette croisade a eu des répercussions autant sur le plan religieux que sur le plan politique.
Sur le plan religieux d’abord, les conséquences directes sont l’élimination du catharisme en Languedoc, la création de l’Ordre des Prècheurs (les dominicains) et la création de l’Inquisition médiévale.
Une conséquence religieuse moins connue est la réforme du clergé local. C’est en effet la richesse (et parfois la corruption) du clergé catholique et sa dénonciation par les prélats cathares qui a incité une partie de la population à se convertir à la nouvelle religion. Une partie de la hiérarchie cléricale était également suspectée de sympathies cathares. La période allant de 1209 à 1215 a vu la déposition de plusieurs évêques et leur remplacement par des prélats venus du nord du royaume (Arnaud Amaury à Narbonne, Guy des Vaux de Cernay à Carcassonne). Certains diocèses jugés trop étendus pour être correctement administrés, ont été divisés.
Sur le plan politique, les comtés de Toulouse et de Foix et les vicomtés Trencavel étaient vassaux du roi de France en théorie, mais indépendants par rapport à ce dernier de fait, tout en subissant l’influence du royaume d’Aragon. La croisade modifie radicalement cette situation et à la fin du XIIIe siècle, seul le comté de Foix et la vicomté de Narbonne ne sont pas annexés au domaine royal. Le comté de Toulouse et les vicomtés de Béziers, de Carcassonne et d’Albi sont remplacés par trois sénéchaussés de Toulouse, de Beaucaire et de Carcassonne. Montpellier et le Gévaudan, possessions du roi d’Aragon, sont achetés par le roi de France.
En définitive, c’est le royaume de France qui retire le plus de bénéfices de ce conflit dans lequel il ne voulait pas s’impliquer au départ.
La croisade des Albigeois marque une modification radicale de la politique extérieur des royaumes de France et d’Aragon.
Au début du XIIIè siècle, Philippe Auguste, roi de France, hésite à annexer la Rochelle, qu’il considère comme trop éloignée du pouvoir royal ; en cas de siège de la ville, l’éloignement ne permet pas à l’ost royal une intervention rapide. A la fin de ce même siècle, le territoire correspondant aux actuelles régions Midi-Pyrénées et Languedoc fait partie du domaine royal. L’influence du roi de France s’exerce jusqu’aux Pyrénées et prend une dimension nationale.
Au début du siècle, c’est le roi d’Aragon qui domine le Languedoc, bien que se heurtant aux comtes de Toulouse ; il possède en propre les comtés de Gévaudan et de Roussillon, la vicomté de Millau et la seigneurie de Montpellier. Un cousin possède le comté de Provence, les comtes de Comminges, les vicomtes d’Albi, de Béziers, de Carcassonne et de Narbonne sont ses vassaux. A la fin du siècle, il ne lui reste plus que le Roussillon au nord des Pyrénées. Ses vassaux soit sont passéssous la suzeraineté du roi de France, soit ont eu leurs domaines annexés, Saint-Louis a racheté le Gévaudan (1258) et Montpellier et le comté de Provence est passé par mariage à Charles d’Anjou, frère de Saint-Louis. L’Aragon va alors s’étendre vers le sud (Reconquista et conquête du royaume de Valence) et la Méditerranée (Sicile, Sardaigne, Corse…).
La croisade contre les albigeois a comme ultime conséquence d’élargir le domaine personnel des rois de France jusqu’à la Méditerranée et aux Pyrénées. Pour défendre ses nouvelles frontières avec la couronne d’Aragon, Saint-Louis fait dresser la plus grande ligne de forteresses jamais dressée en Europe.
Bibliographie
- Dominique Baudis (Raimond « le Cathare »)
- Dominique Paladihe (Simon de Montfort)
- Georges Bordonove (La Tragédie Cathare)
- Roger Caratini (Les Cathares, de la gloire à la tragédie)
- Michel Roquebert (Histoire des Cathares)
- Zoé Oldenbourg (le bûcher de Montségur)
- Yves Rougé (Le Lieu)
- Wikipedia (Croisade des Albigeois).